L’Algérie veut augmenter ses rendements agricoles et également ses superficies cultivées, notamment pour les filières stratégiques, à l’instar des céréales. C’est un véritable défi à relever par le ministère de l’Agriculture et du développement rural.
Par Akrem R.
Des instructions fermes ont été données dans ce sens par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin d’atteindre l’autosuffisance. En effet, un objectif chiffré a été fixé, à savoir consacrer 3 millions d’hectares pour les céréales avec des rendements de 30 quintaux/ha, a rappelé hier le ministre de l’Agriculture, Mohamed Abdelhafid Henni.
«Les principaux défis qui nous attends dans les deux prochaines années, c’est l’augmentation de la production des céréales et lait», souligne-t-il lors de son passage sur les ondes de la radio nationale «Chaîne 3».
Pour cela, une série de mesures a été prise notamment en matière des prix d’achat des céréales par l’OAIC, en les plafonnant à 6.000 DA pour le blé tendre et blé dur et 4.500 DA pour le maïs. Une décision salutaire et encourageante pour les agriculteurs et les céréaliculteurs. Ces derniers savent très bien où mettre leur production.
En clair, aucune contrainte sur la commercialisation de leur production ne se pose. Le ministre a fait savoir également que ces prix concernent également les légumes secs, dont notre pays est parmi les gros consommateurs de ces produits.
700 milliards de DA pour soutenir l’agriculture
En somme, ces dispositifs (augmentation des prix, respect de l’itinéraire technique et mise en place des financements nécessaires à l’instar des crédits R’fig et Ettahadi), donnent leurs fruits. D’ailleurs, la production nationale agricole a enregistré une hausse de 38% en valeur par rapport à l’année 2021. Elle est passée de 3.500 milliards de DA à 4.550 milliards de DA en 2022.
Ceci n’est pas le fruit du hasard, dira Henni, en affirmant que les aides accordées à l’agriculture constituent une manière d’encourager les agriculteurs à produire plus. Il est à noter que dans le cadre la PLF 2023, un budget de 700 milliards de DA a été alloué au soutien et au développement de certaines filières agricoles.
«Des moyens financiers ont été mis à notre disposition dans le cadre de LF 2023. Ceci nous permettra de réaliser notre programme», affirme-t-il, en rappelant que son département a procédé à un travail d’identification des zones de production. Toute une cartographie a été élaborée en prenant en considération la nature du sol, mains d’œuvre, transfert intergénérationnel, mécanisation…etc.
M. Henni évoque en outre la dernière décision qui a été prise, à savoir, «l’importation de matériel agricole de moins de cinq ans pour les grandes cultures, notamment au niveau des régions du sud pour une plus grande performance pour notre système de production ».
La tutelle s’oriente vers le tournesol
En effet, pour le ministre, la solution réside dans l’agriculture saharienne. «L’agriculture saharienne est une priorité absolue dont nous sommes convaincus. Nous avons des disponibilités foncières, la création de l’office de développement de l’agriculture saharienne en 2021 et la mise à disposition d’un portefeuille qui avoisine les 250.000 hectares et qui sont exploités dans l’immense majorité des cas», sont autant de facteurs encourageants, explique le ministre. Pour lui, ces régions disposent d’un potentiel de production considérable.
En plus des céréales et du maïs, «nous avons également tout ce qui est cultures fourragères et production de graines oléagineuses, notamment le tournesol (…) Nous nous orientons essentiellement vers le tournesol qui obéit à des règles connues, notamment tout ce qui est de l’itinéraire technique. Il ne faut pas oublier que nous avons produit du tournesol dans les décennies précédentes. Donc, ce n’est pas une filière qui est inconnue pour nos agriculteurs», souligne-t-il.
Cependant, le ministre fait savoir que la production du colza n’a pas été abandonné d’une manière définitive. «Les gens qui veulent continuer le programme du colza peuvent le faire sans aucun problème», souligne-t-il. Faudrait-il rappeler à ce sujet justement qu’au cours de la saison 2021-2022 et pour la première fois, plus de 494 agriculteurs se sont lancés dans la culture de colza et ont été financés à hauteur de 253 millions de DA.
L’autre challenge du ministère de l’agriculture est l’augmentation des superficies irriguées. Actuellement, elles ne dépassant pas les 1,6 millions d’hectares pour les différentes filières. «Nous espérons les augmenter surtout avec l’agriculture saharienne», souligne-t-il. A titre indicatif, selon les prévisions de la loi de finances 2023, le secteur de l’Agriculture devrait enregistrer un taux de croissance de 6,9% en 2023, 5,5% en 2024 et 5,7% en 2025.
Sur un autre un registre, le ministre a fait part de l’intérêt affiché par les investisseurs étrangers au secteur. «Nous avons des demandes d’IDE et cela va se concrétiser en 2023» a-t-il indiqué.
A. R.