Les efforts pour l’assainissement du foncier industriel se poursuivent. Depuis le lancement de cette opération, il ya près de deux ans déjà, pas moins de 4 200 hectares (ha) de terrains octroyés et non exploités ont été récupérés, a fait savoir, Guend Abdelaziz, DG de la compétitivité industrielle au ministère de l’Industrie.
Par Akrem R.
Cette opération de grande envergure vise à éponger le passif de l’ancienne gestion du foncier industriel, dont des erreurs ont été commises.
La distribution et l’octroi du foncier, dans le passé, a été caractérisée par le «favoritisme» et autres dépassements. D’ailleurs, c’est ce qui explique la non exploitation de ces terrains, faisant perdre beaucoup d’argent au Trésor public et également, contribuant à bloquer le développement local. Dans ce cadre, Guend qui s’exprimait sur les ondes de la radio « Chaîne II», a relevé que 3 500 lots de terrain octroyés et non exploités, d’une superficie globale de 1500 ha ont été également recoupés.
« Nos services au niveau local poursuivent les efforts pour la finalisation de l’opération dans les meilleurs délais. Un point de situation se fait chaque 15 jours au niveau des 58 wilayas», a souligné Guend Abdelaziz. Une fois l’opération finalisée, dira-t-il, «on aura une vision claire et une cartographie sur le foncier existant».
Ceci permettra également aux services en charge de dossiers «épineux» de passer à une autre étape dans la gestion du foncier, en créant une agence nationale du foncier industriel (ANFI), conformément au nouveau Code de l’investissement. Le processus est déjà lancé et toute l’offre du foncier industriel sera centralisée.
Une offre supplémentaire de 775 ha
«On va aussi numériser le processus. Cela va donner plus de transparence dans la gestion du foncier industriel. Avec cette agence, l’opération d’octroi sera transparente, et dont les règles seront claires», estime-t-il.
Ainsi, cette opération de centralisation de l’offre foncière facilitera la gestion des zones industrielles et, également, facilitera le choix à l’investisseur dans l’implantation du projet. Pour le représentant du ministère de l’Industrie « ça sera un moyen de régler beaucoup de problèmes relatifs au foncier industriel».
Outre la récupération du foncier industriel non exploité, la tutelle a lancé un nouveau programme pour l’aménagement des 25 zones industrielles existantes et la réalisation de nouvelles zones industrielles et d’activités.
D’ailleurs, six nouvelles zones, d’une superficie globale de 775 ha seront bientôt réceptionnées à Oued Ben Haddou (Tlemcen), Larbatache (Boumerdès), El Kseur (Bejaïa), Ghardaïa, Sidi Bel Abbès et Médéa. « Ça serait une offre très importante. Et le jour où cette Agence disposera de ces zones et fonciers, la question du foncier industriel ne devra plus être posée», dira le DG de la compétitivité industrielle. Ainsi, la nouveauté dans ce dossier, est que la distribution du foncier se fera selon les filières. Des pôles industriels seront créés à travers le pays.
Plus de 50 000 demandes en attente
Par ailleurs, et selon l’expert international en investissement, Mohamed Sayoud, il est plus qu’urgent de trouver une solution définitive au foncier industriel. L’arrêt de l’investissement depuis maintenant près de trois ans, a fait augmenter le stock des demandes sur le foncier. « On risque de revivre la situation d’avant caractérisée par la rareté du foncier. Le nombre de demandes d’investissement dépasse de loin l’offre du foncier industriel. Le gel de l’investissement pendant deux ans a fait augmenter le stock des investisseurs, dont le nombre avoisine les 50 000 demandes», a-t-dit.
Le nombre d’investisseurs devraient s’accroitre dans les mois à venir, notamment avec la politique du gouvernement visant la diversification de notre économie, tout en réduisant l’importation et le développement des exportations hors hydrocarbures. « Plusieurs importateurs veulent se lancer dans la production. Ils ne demandent que du foncier pour démarrer leurs projets», affirme Sayoud.
Pour notre intervenant, la solution passe par la construction de zones industrielles clés en main, comme cela se fait, d’ailleurs, partout dans le monde, même dans les pays africains, à l’instar de l’Ethiopie et le Rwanda. Deux pays qui sont en train de réaliser des croissances importants dans le domaine industriel. «On ne va pas innover. Il suffit de regarder ce qui se passe ailleurs. Nous devons tout simplement adopté le système de zones clés en main. L’Etat peut dégager entre 4 à 5 milliards de dollars pour ce projet qui va nous faire gagner du temps, remporter la bataille contre l’informel et surtout l’optimisation du foncier», indique-t-il.
A travers cette démarche, c’est tout un écosystème qui sera créé, permettant d’abord à l’investisseur de concrétiser son projet dans les meilleurs délais et également à l’Etat de rentabiliser son investissement en louant des espaces aménagés à des prix concurrentiels.
A R