Pour faire redécoller le tourisme en Algérie, le secteur compte adopter une feuille de route visant à réaliser les différents projets et à atteindre plus de 3 millions de touristes à l’horizon 2024. Mais la réalité est tout autre, a entendre les acteurs de ce secteur dont Mouloud Youbi, président de la fédération nationale des agences de voyages et du tourisme, qui affirme à des confrères que 30 000 travailleurs d’agences touristiques ont perdu leurs emplois et que 4000 agences de voyage ont dû fermer. Le tourisme dans notre pays n‘arrive pas a décoller, et la pandémie du coronavirus a encore aggraver la situation.
Par Réda Hadi
Même si, effectivement, la pandémie a aggravé la situation, M. Youbi estime, pour autant, que le tourisme domestique n‘est pas rentable. En effet, M. Nouioua qui gére une agence de tourisme à Bordj El Bahri abonde en ce sens et confirme que le tourisme intérieur n‘est pas rentable à plus d‘un titre, et ce d ‘autant plus que l ‘informel a pénétré ce secteur. En effet, ce gérant nous affirme que «l’informel a gangrené le secteur grâce à internet. Avec internet n‘importe qui s‘improvise agent de voyage et organise sans payer d‘impôts et de charges, des excursions ou des séjours. Les prix proposés sur le Net sont des efficiences nets. Comment voulez-vous tenir la concurrence, dans ces conditions? C‘est déloyal», déplore-t-il.
Dans ce contexte, M. Nouioua ne se montre pas optimiste quant à une éventuelle relance du tourisme intérieur: «Nous sommes forcés de proposer des séjours que par autobus, les prix des billets d‘avion étant trop excessifs, même pour la destination Sud».
«De plus, nous dit-il, nous avons une marque à préserver. Les prestations ne correspondent pas à nos exigences et sont de piètre qualité. Les pouvoirs publics n’encouragent pas trop le tourisme intérieur, pourtant sa promotion et son développement auraient de nombreux avantages. Il pourrait constituer une sorte d’« airbag» pour les professionnels du secteur et éviterait des fermetures d’établissements touristiques et des pertes d’emplois à l’occasion d’événements, comme la pandémie de Covid-19, par exemple. Vu son potentiel, le tourisme interne pourra aider de nombreuses destinations à se remettre des impacts économiques de la pandémie, tout en permettant de sauver des emplois, de protéger les moyens d’existence et de retrouver, aussi, les bienfaits sociaux apportés par le tourisme.»
Par ailleurs, ce gérant pense que les investissements privés sont très faibles. Pour lui, «les investisseurs sont nombreux à investir dans des hôtels de luxe et des stations balnéaires, car tres rentables»
Le tourisme intérieur, l ‘alternative?
Ce faisant, la promotion du tourisme intérieur est tout à la fois un impératif économique, sociétal et environnemental. Il favorise la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel, ainsi que sa préservation, en plus de constituer une source de revenus pour les populations locales. Des vocations pour les métiers du tourisme chez les jeunes pourraient ainsi éclore, qu’il importera d’accompagner par des formations adéquates, c’est-à-dire, des formations combinant le respect des standards internationaux en la matière et les spécificités locales et/ou régionales.
Nous assistons, en effet, à des changements aussi bien dans l’investissement que dans la consommation touristique. C’est le moment opportun pour s’inscrire parmi les leaders de cette rénovation de la pratique touristique, en veillant à inclure dans les politiques publiques des projets et des actions à fort contenu en responsabilité sociale, environnementale et de durabilité »
R. H.