Face à une demande énergétique mondiale en mutation, l’Algérie affiche de grandes ambitions dans le domaine gazier. Elle a, en effet, multiplié les actions, en réformant son cadre réglementaire et en lançant une série d’appels d’offres internationaux, avec pour objectif de porter sa production annuelle à 200 milliards de mètres cubes à l’horizon 2028, soit une augmentation de 60 milliards de mètres cubes au cours des trois prochaines années.
Par Akrem R.
Cette nouvelle démarche commence en effet à porter ses fruits. Le premier appel d’offres, Algeria Bid Round 2024,le premier depuis 2014, s’est soldé par l’attribution de cinq permis d’exploration à des compagnies étrangères, dont les contrats devraient être signés au plus tard le 30 juillet prochain.
Selon Mourad Beledjhem, président de l’Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), ces premiers contrats devraient permettre une augmentation de la production nationale de gaz de 20 milliards de mètres cubes par an, une fois les cinq blocs mis en exploitation.
«Les objectifs sont clairs et exigeants. Pour les atteindre, l’intensification de l’exploration est indispensable», a-t-il souligné lors de son passage, hier, sur les ondes de la radio nationale «Chaîne III», dévoilant ainsi les grandes orientations de la stratégie algérienne en matière de production gazière. Selon l’intervenant, l’Algérie ambitionne de doubler les volumes exportés, passant de 50 à 100 milliards de m³, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
En effet, l’appel à concurrence Algeria Bid Round 2024, dont les résultats préliminaires viennent d’être dévoilés, marque un tournant important dans la dynamique de relance du secteur des hydrocarbures.
Cinq blocs gaziers sur six ont été attribués à l’issue d’une procédure jugée satisfaisante par l’ALNAFT, avec la réception de sept offres émanant de compagnies internationales. Ces blocs, à forte vocation gazière, témoignent d’un regain d’intérêt des investisseurs pour le potentiel algérien.
«La réception de cinq offres sur six lors de la cérémonie d’ouverture des plis est un résultat que nous jugeons encourageant et très satisfaisant», a déclaré M. Beledjhem.
Le partenariat, une obligation
Par ailleurs, le président de l’ALNAFT a mis un point d’honneur à rappeler que l’exploration pétrolière et gazière repose désormais sur un impératif de collaboration internationale. «Le partenariat n’est plus un choix, mais une obligation», a-t-il martelé. Et d’ajouter : «Il est indispensable pour accompagner Sonatrach dans ses activités d’exploration et de production.»
Mourad Beledjhem a expliqué que les ressources financières de l’entreprise nationale, bien qu’importantes, ne sont pas illimitées. Le recours au partenariat permet non seulement de partager les coûts et les risques, mais aussi de multiplier les opérations de forage.
«Un forage d’exploration coûte en moyenne entre 30 et 40 millions de dollars. Si Sonatrach supporte seule 100 % du financement, elle ne pourra en réaliser qu’un. Mais si elle opte pour une prise en charge de 10 %, elle peut en effectuer dix avec le même budget, grâce aux contrats de partenariat», a-t-il illustré.
Ce modèle permet également à Sonatrach, ajoute-t-il, de bénéficier de nouvelles technologies et du savoir-faire de compagnies étrangères, un atout crucial pour maximiser les chances de découverte dans un contexte où le succès repose aussi sur l’efficacité technique.
Algeria Bid Round 2025 : la nouvelle étape
Fort du retour d’expérience de l’édition 2024, l’ALNAFT prépare déjà le lancement du Bid Round 2025, avec un objectif clair : maintenir un appel à concurrence chaque année. Onze blocs sont déjà prêts, et l’accent sera mis sur les périmètres à potentiel gazier, en réponse à la demande croissante du marché.
Des efforts sont également en cours pour rendre les conditions contractuelles encore plus attractives, notamment en révisant les paramètres économiques pour des blocs comme « Grand Zaïd », qui n’ont pas reçu d’offres lors de la précédente édition. Le président de l’ALNAFT a précisé qu’«un débriefing aura lieu pour étudier cette question», ajoutant qu’il serait possible d’inclure ce bloc dans le prochain Bid Round actuellement en préparation, ou de l’orienter vers une négociation directe avec Sonatrach.
Cap sur l’offshore en 2026
Autre axe stratégique dans la feuille de route de l’ALNAFT : le développement de l’offshore, prévu pour 2026. Plusieurs initiatives sont en cours, notamment des travaux de prospection confiés à ENI et Total Energies au large de Béjaïa, et une étude approfondie avec SLB ayant révélé plusieurs zones d’intérêt. Par ailleurs, un accord d’étude a été signé avec Chevron, qui a déjà commencé l’analyse des données disponibles.
«Les premiers résultats sont très positifs, avec une nette amélioration de l’imagerie sismique. Nous espérons pouvoir proposer un ou plusieurs blocs offshore dans le cadre du Bid Round 2026», a indiqué le président de l’ALNAFT.
L’Algérie mise aussi sur son potentiel géologique confirmé et sur un environnement juridique jugé compétitif. La loi 19-13 sur les hydrocarbures, assouplie et fiscalement avantageuse, continue d’attirer les grands groupes internationaux.
«Nous avons de la bonne roche, du potentiel, une stabilité politique et géographique, et une loi claire. L’équation est favorable», a résumé Beledjhem, confiant dans la capacité du pays à redevenir un acteur majeur de l’énergie à l’échelle régionale et mondiale.
A. R.







