Beaucoup reste à faire dans le domaine de la sécurité industrielle, du travail et de la protection de l’environnement. En dépit de l’existence d’un arsenal juridique, des entreprises, notamment les PME, n’accordent pas une grande importance aux normes de sécurités et d’hygiènes.
Par Akrem R.
Il suffit d’aller visiter des ateliers de production pour constater de près cette cette réalité. En effet, les travailleurs ne sont pas généralement dotés du moyens de protection (tenues de travail, lunettes, chaussures) et aucun dispositif de lutte anti-incendie n’est mis en place pour faire face à d’éventuels accidents de ce genre ! Durant la période de 2018 à 2022, les services de la protection civile ont enregistré plus de 1300 interventions anti-incendie au niveau d’infrastructures industrielles.
Selon le directeur central au ministère de l’Industrie, en l’occurrence, Nehiti Yassine certaines entreprises n’incluent même pas dans leur plan de management les règles de sécurité. Ceci constitue un des facteurs responsables d’accidents de travail et d’arrêts, parfois, de machines de production. L’intervenant a expliqué, dans une communication présentée au 4e salon international des systèmes de sécurité, protection de l’environnement et anti-incendie (2SPRO) qui se poursuit jusqu’au 1er mars à la Safex, qu’une grande partie des accidents est due à une erreur commise par l’élément humain, en plus de la problématique de la non-conformité des équipements, électriques notamment, aux normes de sécurité.
Pour sa part, Razika Guendouzi, sous-directrice industrielle au ministère de l’Industrie, elle a souligné que « toutes les installations industrielles ne sont pas à l’abri des accidents», tout en déplorant au passage, que les accidents industriels connaissent une tendance haussière. Selon les données d’une étude réalisée en 2020, sur un échantillon de 2000 sociétés industrielles, affirme-t-elle, seulement 22 % d’entres eux ont approuvé des programmes d’intervention pour faire face aux différents dangers de sécurité et hygiène industriels. Ces chiffres donnent un aperçu global et clair de la situation de la sécurité industrielle au niveau de nos PME.
S’agissant des accidents de travail, les derniers chiffres parlent de 42 032 cas en 2021, dont 38 225 accidents sur les lieux de travail et 3.807 autres des accidents du trajet, avait fait savoir l’ex DG de la CNAS. S’agissant de la répartition des accidents de travail par branches d’activités, le secteur du bâtiment et travaux publics vient en tête avec plus de 18% du total des accidents de travail déclarés, suivi du secteur de la métallurgie, avec 9% des accidents de travail.
Pour appréhender la problématique des dangers, recommandent des experts, il convient de réhabiliter les bonnes pratiques environnementales et de sécurité au sein de l’entreprise en menant des actions de sensibilisation, d’information et formation des personnels effectués aux différents postes de travail et de la population. Il y a lieu, également, de mettre en place des mesures générales de sécurité afin de développer une culture de sécurité à travers des actions de sensibilisation.
La sécurité industrielle, une priorité
Le ministère de l’Industrie qui souhaite atteindre une participation dans la croissance du PIB de 10% a mis en place tout un mécanisme d’accompagnement pour les entreprises activant, notamment, dans le domaine industriel.
Le directeur général de la compétitivité industrielle au ministère de l’Industrie, Abdelaziz Guend a affirmé que la sécurité industrielle dans les lieux d’activité industrielle est prioritaire dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques du secteur de l’Industrie, rappelant la mobilisation de nombreux textes législatifs et de mesures réglementaires et techniques nécessaires pour éviter les accidents et réduire leurs risques en insistant sur «l’amélioration continue du niveau de sécurité des installations économiques et la promotion et la consolidation de la culture de sécurité au travail».
Dans ce cadre, le responsable a rappelé la loi 20/04 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable et le décret exécutif n 335-09 déterminant les modalités d’élaboration et de mise en œuvre des plans internes d’intervention. Il a, dans ce cadre, annoncé l’élaboration d’un système de gestion de la sécurité industrielle conformément à la norme internationale en vigueur dans ce domaine (ISO 45000).
Lors de cette rencontre, il a mis l’accent sur l’importance de l’échange d’expertises et de la concertation en matière de sécurité au travail en vue de hisser le niveau de conscience sur les risques encourus par les installations industrielles, notamment, celles qui utilisent des produits chimiques dangereux, mais aussi, veiller sur l’organisation relative aux plans d’intervention et de sécurité internes. Le responsable a également insisté sur l’impératif de faire montre «d’un comportement approprié, responsable et vigilant de la part des travailleurs, afin d’éviter tout éventuel accident».
Les entreprises sujettes aux risques, dit-il, sont appelées à adopter, volontairement, un système de management de la santé et de la sécurité au travail (S&ST), incitant les établissements économiques à rejoindre cette opération en vue d’assurer un niveau adéquat de prévention et de protection des installations industrielles». Il a rappelé que le ministère de l’Industrie assumait environ 80% des coûts du S&ST «ISO 45.000».
A. R.