Le secteur bancaire en Algérie est à la traine. Le réseau national est loin de la norme mondiale et les services proposés aux clients restent à désirer, sans compter le problème récurrent de la liquidité.
Akrem R.
Des efforts énormes doivent être consentis par les banques afin de regagner la confiance des ménages, en les incitants à recourir aux nouveaux modes de l’e-paiement. Un domaine qui, dans notre pays connait un énorme retard. D’ailleurs, sur les 12 millions de comptes bancaires existant, seulement 1,6 millions détenteurs de ces comptes ont une carte CIB ! «L’inclusion de l’économie nationale dans la sphère bancaire est très minime et loin de la norme internationale», a déploré, hier, lundi, le directeur général de la BADR Mohand Bourai, lors de son passage au forum de la radio.
Ce dernier a affirmé que notre ambition en tant que banquiers, est de permettre à chaque citoyen d’avoir un compte bancaire, d’abord, ensuite, de le doter d’un chéquier et d’une carte CIB. Ainsi, de mettre à la disposition de nos clients des plateformes (TPE et DAB) pour la limitation du recours à l’argent liquide, «le Cash». Il est à rappeler que plus de 6000 milliards de DA circulent dans la sphère informelle. Le défi majeur des banques, c’est comment les faire intégrer dans le circuit bancaire, dira pour sa part, Hassen Boudali, directeur central des banques publiques et du marché financier. « Nous sommes en train d’adapter notre système bancaire afin de développer l’inclusion financière. Nous devons communiquer davantage sur ces nouveaux produits et les avantages qu’ils apporteront à l’économie nationale et aux utilisateurs», a-t-il souligné.
Des chiffres décevants
Ce même responsable a indiqué que 4,5 millions d’opérations de paiement en ligne, ont été enregistrées en 2020, notamment pour le paiement des factures d’électricités et gaz, la mise à la disposition des clients de 3000 distributeurs (DAB), dont 52 millions opérations de retraits enregistrées l’année précédente. A cela s’ajoute, la mise en service de 3400 TPE par des commerçants, enregistrant 7000 opérations de paiements par carte. En dépit de ces efforts, les chiffres restent au dessous des attentes, notamment, comparativement avec les pays voisins. Dans ce cadre, le DG de la BADR a indiqué que les banques sont appelées à élargir leurs réseaux afin de se rapprocher des citoyens et de proposer des solutions innovantes, à l’instar du e-banking et sms-banking.
Des services permettant aux clients d’ouvrir un compte bancaire à distance et d’effectuer des transactions, également à distance. Mohand Bourai a indiqué que durant le premier trimestre 100 000 cartes CIB ont été délivrées, enregistrant 7 millions d’opérations. Il a incité les citoyens à s’impliquer dans la nouvelle démarche du gouvernement et des banques, à savoir la généralisation de l’e-paiment pour les différentes transactions. «C’est le seul moyen d’en finir avec les longues queues devant les bureaux de postes et également, avec le problème de liquidité», a-t-il souligné.
Doit-on rendre l’e-paiement obligatoire ?
Le développement et la généralisation du e-paiement nécessite l’implication de toutes les parties, et l’engagement d’une large campagne de sensibilisation auprès des citoyens. Ces derniers se montrent réticents envers ses services. Faute de confiance et méconnaissance des avantages de ces services innovants. Certains experts plaident pour rendre l’e-paiement obligatoire, comme cela d’ailleurs dans plusieurs pays, à l’instar de la France. Les retraits au niveau des DAB sont limités, contrairement à notre pays.
D’ailleurs, une réflexion est engagée par le secteur du Commerce pour rendre « obligatoire » l’utilisation des moyens de paiement électronique dans les transactions commerciales et de services.
Le ministre Kamel Rezig a indiqué que le secteur encourage les citoyens et les opérateurs économiques à s’orienter vers les services électroniques fournis par les institutions de l’Etat et vers la généralisation des moyens d’e-paiement dans les surfaces commerciales.
Le secteur a promulgué, récemment, un arrêté ministériel portant réduction du coût des opérations qui se font avec le Centre national du registre de commerce (CNRC), à hauteur de 20%, si ces opérations se font via l’e-paiement, a-t-il indiqué.
Le secteur déploie actuellement ses efforts avec les établissements financiers et les banques, en vue de réduire la valeur des taxes appliquées aux commerçants lors de l’utilisation de l’e-paiement.
«Il y a une grande utilisation de cette technique et une augmentation continue de l’emploi des Terminaux de paiement électronique (TPE). C’est pourquoi nous avons demandé aux banques de faire des efforts concernant la réduction des taxes appliquées aux commerçants lors de l’utilisation du paiement électronique, en vue de les encourager à adopter cette technique», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, les web marchands déplorent les charges financières imposées par ce type de paiement. « Entant que commerçant électronique, on a des difficultés à faire des retraits d’argent sur notre compte commercial, ces procédures administratives sont des obstacles », a déploré Sami Alouche, fondateur de la startup « Talaba Store ».
« 50.000 DA pour l’acquisition de l’extension de paiement en ligne, près de 15.000 DA pour les frais de l’abonnement, 10.000 DA pour chaque séance de maintenance, des tarifs exagérés et non applaudis par les web marchands », a-t-il indiqué.
Akrem R.