L’Algérie ambitionne de développer une véritable industrie pharmaceutique. Une stratégie est d’ores et déjà mise en place, dont l’objectif principal est de réduire la facture d’importation, la promotion locale et surtout l’augmentation des taux d’intégration.
Par Akrem R.
C’est ce que le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed a souligné, hier à Alger, à l’ouverture des journées internationales intitulées : « Implantation de la pharmaco-économie en Algérie : challenges et perspectives».
L’événement de deux jours organisé par la société algérienne pharmacie clinique et oncologie (ASCOP), sera une occasion pour les participants pour élaborer des recommandations à l’adresse des pouvoirs publics afin de rationaliser les dépenses et les coûts de la prise en charge des malades en Algérie.
En effet, il ne fait nul doute que notre système de santé basé sur une couverture sanitaire universelle profite, désormais d’une industrie pharmaceutique nationale en pleine expansion. Toutefois, des défis restent à relever en matière de dépenses qui ne cessent d’augmenter d’année en année. À cet effet, des mesures doivent être prises afin de continuer à assurer un accès équitable aux soins, notamment, en matière de prise en charge des pathologies coûteuses, nécessitant des médicaments innovants.
Dans ce cadre, le ministre de tutelle, Dr. Benbahmed a indiqué que cette thématique s’inscrit pleinement dans les axes du plan de son département, visant à encourager la production nationale, réduire le volume des importations et le limiter aux médicaments essentiels non produits localement afin d’en assurer une disponibilité continue tout en y donnant accès à tout moment et sur l’ensemble du territoire national.
Et d’ajouter : « Nous travaillons pour parvenir à une industrie pharmaceutique à haute valeur ajoutée, capable de répondre aux besoins de santé, notamment, ceux liés aux médicaments utilisés dans les maladies chroniques ainsi qu’aux traitements innovants, afin de contribuer à une meilleure prise en charge des patients».
Vers la fabrication d’intrants en local
D’autre part, le ministre a précisé que les départements ministériels ont inclus dans les textes appliqués, une équation basée sur l’économie pharmaceutique, tenant compte du taux d’intégration, ce qui a permis, aujourd’hui, de fabriquer des produits à partir de matériaux jusqu’à 90% d’intégration grâce à des opérations de recherche et développement qui ont été réalisées en Algérie.
D’ailleurs, annonce-t-il, le groupe public, Saidal, a tracé un programme de développement pour en s’orienter vers l’intensification de la recherche afin de parvenir à la production de matières premières et autres intrants, indispensables à l’industrie pharmaceutique, en local. Le groupe est en contacts avancés, dira le ministre, avec des partenaires locaux et étrangers pour le développement de ce segment dans notre pays.
Pour sa part, Redha Kassel, président du comité de veille au ministère de l’Industrie pharmaceutique, a affirmé que la nouvelle politique adoptée par la tutelle, notamment pour la fixation des prix de médicaments en Algérie, donne ses fruits.
En effet, depuis l’installation du comité économique intersectoriel des médicaments (CEIM) 2021 (Du 23 janvier au 31 décembre 2021), un total de produits pharmaceutiques de l’ordre de 1670 a été traité, dont 1333 fabriqués localement et 337 produits importés (soit 79% local, 20% imploration et 1% d’exportation).
La facture d’importation en baisse
L’intervenant a fait savoir, également, que 38 produits auparavant importés sont désormais passés à la production locale constituant une substitution directe à l’importation, dont 44% sont de classe thérapeutique oncologie. Le marché de ces médicaments représentait 100 millions de dollars en 2021, et maintenant, et grâce à l’enregistrement en local, ils sont produits à seulement 50 millions de dollars, soit plus de 50% de gains.
S’agissant des bio-similaires et génériques, la tutelle a donné la priorité à l’enregistrement de ce genre de médicaments pour pallier les situations monopolistiques afin de favoriser la concurrence qui aura comme impact la baisse des prix. 40 médicament importés, premiers bio similaires et /ou génétiques, ont été également enregistrés. Les 27 produits pharmaceutiques bio similaires anticorps monoclonaux, sur les 40 produits enregistrés par la procédure d’enregistrement accélérée, ont contribué à la baisse de la facture d’importation de 51%, soit une économie de 105 millions de dollars. « Si on fait une simulation sur cinq ans pour seulement les bio-similaires, un bénéfice de 500 millions de dollars auraient été injectés dans le budget de thérapie innovante», estime-t-il.
Le ministère de l’Industrie pharmaceutique compte poursuivre sa politique de fixation de prix à l’avenir, tout en procédant à l’actualisation de l’arrêté de fixation de prix des médicaments ; fixation des prix des médicaments non remboursées /hors nomenclatures ; modalités des recours, notion de contrat et prix facial, notion de prix plafonné et redéfinition du taux d’intégration et d’exportation.
A.R.