L’Algérie a consenti des investissements colossaux dans le domaine du Transport. Ces dernières années, pas moins de 130 milliards de dollars ont été déboursés par le Trésor public pour la réalisation de différentes infrastructures routières, terminaux maritimes et aériens et, également, dans les moyens de mobilité des personnes.
Par Akrem R.
Face aux besoins de développement socio-économiques du pays, de nouvelles infrastructures et moyens de transport doivent être inéluctablement réalisés. D’ailleurs, d’ici, 2030, 87% des Algériens occuperont les villes. Ceci exige sans doute, la mise en place d’une stratégie adéquate en matière de transport et mobilité de personnes, tout en prenant en considération l’aspect des changements climatiques. Autrement dit, les pouvoirs publics sont appelés à orienter leur investissement vers des projets «amis» de l’environnement, à l’instar des trains électriques, métro, tramway, téléphérique, voitures électriques, etc.
Toutefois, la situation financière du pays ne permet pas de maintenir le même niveau des investissements que les années précédentes. Le recours à de nouveaux modes de financements alternatifs au budget de l’Etat s’impose avec acuité.
Dans ce cadre, l’analyste économique et consultant international à la Banque centrale asiatique, Salim Refas, a indiqué que l’Algérie peut désormais tirer profit du financement international, notamment, pour les projets du transport à faible émission et résilient au climat.
Pour illustrer ses propos, Refas qui s’exprimait, hier, au deuxième séminaire, «La dynamique des industries des réseaux», a indiqué que la Banque centrale asiatique accorde une importance capitale à la préservation de l’environnement, dont 80% de ses financements sont orientés vers des projets favorables à ce secteur.
Dans ce cadre, il a énuméré certains modes de financement, à l’instar des fonds de pension, les fonds souverains, les banques commerciales et banques d’investissement, les fonds de capital risque, les fonds de gestion et les compagnies d’assurances. A cela, s’ajoutent l’investissement à impact social et environnement (impact investing) et le financement mixte (blended finance). Ainsi, l’analyste a préconisé le recours à la finance islamique. Un potentiel sous exploité. La Finance islamique a cru à hauteur de 12,7% en 2019 et représente 2,44 trilliards de dollars d’actifs aujourd’hui. Elle est une alternative solide au financement conventionnel. «La finance islamique, et notamment, le marché des Skuks constitue une solide alternative au financement des infrastructures durables des pays émergents, à l’instar de l’Algérie», a-t-il souligné.
Comment réussir la transition verte ?
Indiquant que beaucoup de choses ont été réalisées par l’Algérie dans le domaine du transport, et ce, grâce au financement public, l’intervenant a rappelé que notre pays possède un réseau routier national d’environ 128 502 km, dont 1206 km d’autoroute Est-Ouest et 4200 km de route express, 4200 km de lignes ferroviaires et 36 aéroports dont 20 internationaux. Salim Refas a, en outre, présenté trois scénarios pour réussir la transition verte dans le domaine du transport en Algérie.
Le premier, c’est de poursuivre la politique d’autofinancement des projets structurants, en s’inscrivant dans la politique d’intégration régionale. Pour lui, «l’Algérie est la porte logique vers le sahel. Je suis très optimiste quant au rôle de la transsaharienne et l’autoroute Est-Ouest dans le développement économique du pays et de la région», a-t-il souligné.
Quand au deuxième scénario, c’est de tenter d’attirer des financements internationaux dans le cadre de la transition climatique et également par le secteur privé. Et enfin, le scénario de rupture, à travers la transformation des mobilités, grâce aux innovations technologiques et financières.
En conclusion, le même expert a préconisé de mettre en place un cadre législatif et opérationnel pour la gestion déléguée des infrastructures et les PPP, une politiques incitatives pour attirer les capitaux privés dans les infrastructures, en particulier, pour les privatisations d’infrastructures existantes (portes, aéroport, autoroutes, etc.), de recourir à l’investissement dans un pipeline de projets durables dans le secteur du transport et développement du capital humain, notamment, dans la planification et partenariat stratégiques à l’échelle régionale et internationale.
A.R.