L’Algérie, qui souhaite doubler ses exportations gazières à 100 milliards de m³ à moyen terme (d’ici 2030), a adopté une politique ambitieuse basée sur la diversification de ses marchés d’exportation. En effet, le groupe pétro-gazier « Sonatrach » a exporté du gaz naturel liquéfié (GNL) vers 14 pays à travers le monde en 2024, tandis qu’aucun pays arabe ou africain ne figurait sur la liste. Ce sont, en effet, les pays européens qui ont accaparé la majorité des approvisionnements.
Par Akrem R.
Selon les données publiées par la plateforme énergétique spécialisée basée à Washington, «Attaqa», les exportations de GNL en 2024 ont connu une baisse de 14 % par rapport à 2023, avec un total de 11,62 millions de tonnes expédiées l’année dernière, contre 13,45 millions de tonnes en 2023. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, selon les données d’«Attaqa ».
Il y a, d’abord, les opérations de maintenance de la station de gaz liquéfié d’Arzew et l’augmentation de la consommation intérieure, notamment durant l’été, où des quantités importantes de gaz sont consommées par les stations de production d’électricité.
Une demande record en électricité a été enregistrée durant l’été 2024 à travers le pays, notamment dans le grand Sud, suite à une vague de chaleur dépassant pour la première fois les 50 °C, même au Nord du pays.
À cela s’ajoutent la baisse de la demande européenne en 2024, en raison du remplissage des stocks d’énergie et de la gestion des conséquences de la guerre russo-ukrainienne.
Malgré cette baisse, la même source prévoit une reprise des exportations de gaz naturel liquéfié algérien en 2025, avec une augmentation de la demande européenne suite à l’arrêt de l’accord de transit du gaz russe via l’Ukraine à la fin de 2024.
D’ailleurs, les pays européens ont majoritairement importé le gaz algérien en 2024, avec 11,27 millions de tonnes, soit près de 97 % du total des exportations, en raison de la proximité géographique.
Aucun pays arabe ou africain, indique cette unité de recherche sur l’énergie, n’a importé de gaz naturel liquéfié algérien en 2024, contrairement à 2023 où le Koweït avait importé une cargaison de 76 000 tonnes.
Les cinq principaux importateurs de GNL algérien
En ce qui concerne les principaux pays importateurs de gaz naturel liquéfié algérien en 2024, la Turquie occupe la première place avec une quantité de 4,05 millions de tonnes, selon le rapport « Actualités des marchés du gaz naturel liquéfié en 2024 », suivie par la France avec 3,26 millions de tonnes. Les deux pays représentent ensemble 63 % du total des exportations, figurant parmi les cinq premiers importateurs de gaz naturel liquéfié algérien.
Quant à l’Espagne, elle arrive en troisième position avec 1,66 million de tonnes, suivie de l’Italie avec 1,39 million de tonnes, et enfin du Royaume-Uni avec des importations de 0,39 million de tonnes en 2024.
D’autres pays ont importé un total de 0,86 million de tonnes de gaz naturel liquéfié algérien en 2024, principalement la Croatie, les Pays-Bas et certains pays asiatiques comme la Thaïlande et le Bangladesh.
En effet, le Groupe Sonatrach a considérablement élargi sa présence sur le marché international des hydrocarbures en 2024. Selon Rachid Hachichi, PDG du groupe, l’entreprise a réussi à pénétrer de nouveaux marchés en Europe, en Amérique et en Asie.
Cette expansion se traduit par l’exportation de gaz vers l’Allemagne, la République tchèque et la Croatie, ainsi que par la vente de pétrole à la côte ouest américaine, en Inde et au Brésil.
Ces nouvelles opportunités commerciales témoignent de la capacité de Sonatrach à s’adapter aux évolutions du marché énergétique mondial.
Des investissements importants, de l’ordre de 50 milliards de dollars, sont prévus durant ce quinquennat (2024-2029) par le Groupe, visant le renouvellement des réserves nationales et l’augmentation de la production nationale afin de répondre à une forte demande intérieure, en croissance de 6 % à 7 % annuellement, ainsi que la préservation des parts du marché européen et la conquête de nouvelles parts dans d’autres régions à travers le monde, notamment en Asie.
Des contrats seront prochainement signés avec des compagnies internationales, dont des majors américaines telles que Chevron et ExxonMobil, pour l’exploration et le développement de nouveaux champs gaziers en onshore et offshore.
Le gaz naturel liquéfié algérien en chiffres
L’Algérie, premier producteur mondial de gaz naturel liquéfié en 1964, faisait partie des cinq (5) pays arabes de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) qui fournissent un tiers des exportations mondiales de gaz naturel liquéfié en 2022, selon les dernières données de l’Administration américaine de l’information sur l’énergie (EIA).
Ses exportations ont été comprises entre 1,3 et 1,7 milliard de pieds cubes par jour au cours des dix dernières années.
L’Algérie figure également parmi les 20 premiers pays au monde en termes de réserves de gaz naturel en 2021, occupant la 11e position avec des réserves estimées à environ 4 500 kilomètres cubes, selon le classement du site spécialisé «Insider Monkey».
L’Algérie a pris la tête des pays africains en termes d’exportations de gaz naturel liquéfié, avec des livraisons estimées à environ 1,1 million de tonnes par an, dépassant pour la première fois dans son histoire le Nigeria, qui avait toujours dominé ce domaine en Afrique.
Les exportations algériennes de gaz naturel liquéfié ont atteint, jusqu’en février 2023, 6,22 millions de tonnes, soit 8,56 milliards de mètres cubes de gaz, représentant environ 50 % de la capacité de l’Algérie en matière d’exportations de GNL.
Un rapport de la Chambre de l’Énergie africaine (AEC) pré- voit que l’Algérie et le Nigeria continueront d’être les principaux exportateurs de gaz naturel liquéfié vers l’Europe entre 2023 et 2027, soutenus par la pénurie d’approvisionnements et les conséquences de la guerre en Ukraine, ainsi que par la hausse de la demande mondiale qui pousse les consommateurs à chercher de nouvelles alternatives aux approvisionnements en gaz russe.
A. R.
