L’État poursuit ses efforts pour le règlement du dossier Ex-Ansej. En effet, pas moins de 69 000 dossiers contentieux et 311 000 autres en précontentieux sont recensés par les services de l’Agence nationale de développement de l’entrepreneuriat (NESDA). Un lourd passif à gérer pour l’Agence, qui souhaite régler ce dossier épineux dans les meilleurs délais et relever le défi de la relance de ce dispositif d’accompagnement pour la création de micro-entreprises, afin de soutenir la croissance et la diversification de l’économie nationale.
Par Akrem R.
Le DG de NESDA, en l’occurrence Bilal Achacha, a souligné qu’«actuellement, à l’ANDE, nous agissons à deux vitesses. Nous avons comme premier objectif la relance des dispositifs, moyennant une approche économique, etc., comme je viens de l’expliquer. Mais nous avons également l’obligation de gérer le passif de l’ex-dispositif Ansej».
Dans une déclaration à la radio, le responsable a reconnu que le fonctionnement de l’ex-ANSEJ s’est traduit par un taux de sinistralité très élevé, annonçant qu’une structure a été créée à cet effet au sein de l’Agence afin de s’occuper de l’assainissement du passif.
«Nous gérons les dossiers cas par cas. En fait, chaque entreprise est un cas. Et en fonction du diagnostic, nous proposons la solution», a indiqué Achacha, en soulignant que l’opération d’assainissement progresse et est relativement performante.
Les chiffres sont à l’appui : « Sur les deux dernières années, nous avons pu recouvrir quand même 11 milliards de dinars, en 2023 et 2024». Une chose qui a permis à la NESDA de renforcer son dispositif de financement avec ces créances recouvrées. «Ce recouvrement nous a permis de devenir autonomes sur le plan financier», a-t-il précisé.
Une nouvelle vision en place
Si le dossier des contentieux est en voie de règlement, l’Agence a procédé à une révision profonde de son dispositif, avec l’ambition de jouer un rôle de premier plan dans la dynamisation de l’économie nationale et la création d’un nombre important de micro-entreprises « résilientes » dans les domaines d’activités prioritaires pour l’État.
«Tous les projets économiquement rentables, dont on peut démontrer la rentabilité moyenne à travers un business plan, sont pris en charge. Nous accompagnons les projets pour qu’ils réalisent leurs micro-entreprises», indique-t-il, précisant qu’un système de priorisation des projets est en place afin d’orienter les ressources de manière efficiente et efficace.
Ainsi, «nos priorités vont en premier lieu aux projets alignés avec les priorités nationales, notamment dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme, de l’énergie et des mines», ajoutet-il.
Selon l’intervenant, le système de NESDA est inclusif et «nous nous efforçons de choisir les meilleurs projets parmi les diplômés universitaires, les étudiants et les diplômés des instituts de formation professionnelle».
En effet, la formation est un élément essentiel pour l’accompagnement de ces projets, et des conventions ont été signées avec plusieurs départements afin de promouvoir l’entrepreneuriat et éviter de rééditer les erreurs du passé, où le financement était anarchique et sans critères bien définis.
Dans l’ancien dispositif (ExAnsej), plus de 50 % des financements étaient octroyés au secteur du transport.
Le premier responsable de la NESDA a affirmé que l’Agence adopte une nouvelle vision dans la création de micro-entreprises, fondée sur des critères économiques.
«Nous évaluons à la fois le porteur de projet luimême, ses capacités, et s’il a des aptitudes en matière d’entrepreneuriat. Nous évaluons également la rentabilité du projet, c’est-à-dire s’il est financièrement viable, sur la base d’un business plan. Nous analysons aussi le potentiel du marché présenté, pour savoir si le produit ou le service issu de ce projet a déjà une place sur le marché», détaille-t-il.
900 projets financés depuis octobre 2024
Il a affirmé que l’Agence a financé plus de 900 dossiers depuis la relance des activités de la NESDA en octobre dernier, après un gel de plus de deux ans, et a formé plus de 9 000 porteurs de projets.
«Nous considérons que ce démarrage est relativement bon. Bien que notre objectif pour les trois derniers mois ait été de 1 500 projets, nous n’avons reçu que 900 dossiers. Nous sommes en discussion avec l’enseignement supérieur pour améliorer ce chiffre de porteurs de projets formés, qui viennent ensuite à l’Agence pour obtenir un financement. Nous attendons que ces chiffres augmentent de manière significative en 2025», précise Achacha, indiquant que l’Agence est en mesure de financer jusqu’à 12 000 projets par an, en tenant compte des ressources actuelles.
En effet, la NESDA est déterminée à jouer un rôle clé dans la transformation de l’économie nationale et souhaite contribuer à atteindre les quatre objectifs principaux de chaque économie : la croissance économique, la création d’emplois, l’apport de valeur ajoutée et la réduction de la facture d’importation par une production locale performante, tout en contribuant à la stabilisation des prix sur le marché.
Des avantages fiscaux pour les porteurs de projets
Dans sa nouvelle vision, la NESDA a proposé une modification du décret fixant le montant de financement. «Nous avons proposé qu’il soit réévalué à 20 millions de DA pour la création et 20 millions de DA pour l’extension», affirme-t-il, soulignant que son Agence accorde une grande importance à l’activité d’extension des micro-entreprises.
Ces dernières peuvent bénéficier d’un financement d’environ 10 millions de DA pour développer leur activité, ainsi que d’autres avantages fiscaux.
Cette activité connaît un engouement de la part des porteurs de projets et est ouverte à tous ceux ayant déjà un registre de commerce, qu’ils soient issus du dispositif ou non. «Aujourd’hui, toutes les petites entreprises peuvent bénéficier de l’accompagnement de la NESDA, que ce soit pour le produit extension ou pour le développement de l’entreprise», précise-t-il. Cette activité d’extension est également ouverte aux bénéficiaires des anciens dispositifs ANSEJ, ANGEM et CNAC.
Par ailleurs, le DG de la NESDA a affirmé que les porteurs de projets bénéficiaires de ce dispositif peuvent profiter d’avantages fiscaux, que ce soit durant la phase de réalisation de leur projet ou lors de la phase d’exploitation. Pendant la phase de réalisation, ils sont exonérés de la TVA, du droit d’enregistrement et des droits de douane.
Pour la phase d’exploitation, ils bénéficient d’une exonération en matière d’impôt sur le revenu (IRG), de l’IBS et d’autres taxes pendant une période pouvant aller jusqu’à 10 ans. En effet, ce système offre des avantages fiscaux considérables pour ces entreprises.
«C’est pour cela, encore une fois, je dirais que la NESDA offre véritablement cet avantage à toutes les entreprises aujourd’hui, via le produit extension, donc toutes les micro-entreprises qui souhaitent accroître ou diversifier leurs activités peuvent bénéficier de ces avantages en se rapprochant de la NESDA», précise-t-il.
En somme, la NESDA est bien partie pour promouvoir l’entrepreneuriat et la création de micro-entreprises, d’autant plus que les besoins sont grands, notamment avec les ambitions affichées par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui souhaite positionner l’Algérie parmi les pays émergents d’ici 2027, augmenter le PIB national à 400 milliards de dollars et réaliser 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures d’ici 2030.
A. R.