Les accidents de la route prennent de l’ampleur en Algérie. Leur nombre est en courbe ascendante d’une année à l’autre. Selon l’expert international en sécurité routière, M’hamed Kouache, le phénomène a évolué d’une manière fulgurante.
Akrem R
Il est passé de simple infraction à violence routière, puis terrorisme routier et hécatombe ! En effet, pas moins de 9 000 personnes trouvent annuellement la mort sur nos routes, selon l’OMS, et entre 3 000 à 4000, selon les chiffres officiels.
Cette différence de 5000 morts/an, s’explique par le recensement, uniquement des personnes décédées sur place sur le lieu de l’accident de circulation, alors beaucoup d’autres, trouvent la mort durant les jours à venir. Ces chiffres classent l’Algérie à la quatrième position dans le monde arabe et à 95 ème, mondialement, avec une moyenne de 23,6 de morts / 100 000 habitants.
L’intervenant qui s’exprimait, hier, lors de son passage au Forum hebdomadaire du journal «El Wassat» a estimé que les chiffres communiqués par la délégation nationale à la sécurité routière, sont «erronés» et ne reflètent pas la réalité du terrain. « L’Algérie est signataire d’une convention internationale en 1968, dont les décédés, des personnes blessées durant les 30 jours suivant l’accident de la route, doivent être déclarées victimes de ces accidents. Or, actuellement dans notre pays, seulement les décès ayant lieu sur le lieu du sinistre sont comptabilisés», a-t-il précisé. Les résultats d’une étude réalisée en 2002 en font foi: 10% des victimes des accidents de la circulation décèdent sur place, 30 % entre l’accident et l’hospitalisation et 60% autres, trouvent la mort deux heures après l’hospitalisation.
Questionné sur les pertes économiques, M’hamed Kouache a fait savoir que l’Algérie subit un fort préjudice à cet égard, estimé l’équivalant de la valeur d’un train TGV/an! « Nous devons impérativement investir dans la sécurité routière pour arrêter cette hécatombe et faire des économies au Trésor public. Les pertes sont énormes !», a-t-il affirmé.
200 millions de centimes par décès
Pour sa part, Rabah Belmahdi, un retraité du ministère des Transports, a fait savoir que l’Etat supporte un lourd fardeau suite aux accidents de la route. Pas moins de 100 milliards de DA sont déboursés, annuellement, pour la prise en charge des victimes. Un montant astronomique, dépassant, de loin, le budget alloué à l’extension de l’aéroport international Houari Boumediene, (80 milliards de DA) !
L’intervenant a fait savoir, également, que la prise en charge d’un décès sur place pour cause d’un accident de circulation, revient à l’Etat à plus de 200 millions de centimes ! « Selon une récente étude, la prise en charge d’un décès, était de 55 millions de centimes en 1996, passant à 75 millions de centimes en 2002 et, à près de 200 millions actuellement», a-t-il détaillé.
Le préjudice économique serait plus important, si l’on calculait le nombre de personnes handicapées (3000 nouveaux cas/an), les quantités de carburant consommées dans les embouteillages suite aux accidents de la circulation et, également, le coût des retards accusés par les automobilistes à leurs lieux de travail. Plusieurs unités de production, en effet, souffrent de ce problème et en subissent des pertes énormes en matières de productivité. Sur ce point, l’expert Kouache, a recommandé d’investir dans le transport personnel en commun, la révision des heures du travail, la délocalisation des ministères non stratégiques de la capitale, l’interdiction de la création de nouveaux centres commerciaux et autres espaces, sans faire valoir, au préalable, un parking aux normes et enfin, la proposition de la création d’une chaine radio tout au long de l’autoroute Est-Ouest. Cette dernière, sera un moyen d’informer les automobilistes sur l’état de la route, outre, la sensibilisation des conducteurs sur les dangers de la route.
A R.