L’amélioration des recettes de l’Etat permettra au gouvernement de lancer des projets stratégiques gelés. En effet, la hausse de la liquidité bancaire à 1500 milliards de DA ne pourrait être qu’une aubaine pour l’économie nationale et, notamment, l’investissement. Toutefois, beaucoup de contraintes persistent encore sur le terrain, privant l’économie de ces fonds importants.
Par Akrem R.
Durant les cinq dernières années, le gouvernement avait revu à la baisse ses prévisions d’investissements, en inscrivant les projets selon les priorités. Ainsi, les chefs d’entreprises et même des entreprises publiques, à l’image de l’Eniem, sont confrontés à d’énormes difficultés pour la mobilisation des financements nécessaires pour leurs plans de développement. Les banques sont réticentes et exigent d’autant plus de garanties aux investisseurs.
Une réticence qui s’expliquerait, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, pas seulement par la pénalisation de l’acte de gestion, mais, également, par un déficit de transparence de certains demandeurs de crédits.
«Les bilans ne sont pas réels. La fiscalité n’est pas réelle au niveau de certains demandeurs de crédit», avait signalé, récemment Mustapha Abderrahim, directeur général des études à la Banque d’Algérie. «Notre challenge en 2022 serait de mettre en avant un règlement qui permettrait d’avoir plus de concurrence entre les banques», suggère-t-il. Pour ce dernier, une croissance d’environ 5% des crédits pour l’économie n’est pas satisfaisante pour un pays qui veut faire de la relance économique.
En outre, et avec cette embellie financière, dira l’expert financier, Nabil Djemaâ, la Banque centrale est en mesure de répondre aux besoins du marché financier, tout en affirmant que la hausse de la liquidité, après avoir été dans ces plus bas niveaux durant les trois dernières années, accélérera la relance des projets d’investissement. En clair, le financement bancaire de l’investissement est de retour. Des projets stratégiques, à l’instar de la réalisation du programme nationale des EnR et de développement de nouveaux champs gaziers seront lancés par l’Etat, affirme-t-il. Ceci contribuera à l’amélioration de la croissance et à atteindre des taux à deux chiffres.
L’investissement à l’arrêt
Par ailleurs, l’expert en économie, Hamza Boughadi, a estimé, pour sa part, que le problème ne réside pas au niveau de la liquidité bancaire, mais dans les lois encadrant l’investissement et les financements bancaires proposés pour les chefs d’entreprises et opérateurs économique. «Avoir de la liquidité, des fonds et des dotations c’est bien. Ceci mettra les institutions financières dans une situation confortable, en donnant plus de marge de manœuvre à ces institutions. Mais le problème qui se pose maintenant, c’est le Code de l’investissement. Ce dernier tarde à voir le jour», souligne Boughadi, tout en déplorant ce retard qui a impacté fortement la relance économique. Il est à noter que durant ces trois dernières années, aucun investissement n’a été enregistré. Les opérateurs et les investisseurs algériens et étrangers refusent de s’aventurer, préférant temporiser jusqu’à la promulgation du nouveau Code de l’investissement.
Ce dernier risque de prendre beaucoup de temps, notamment avec l’orientation du président Tebboune de procéder à la révision de l’avant projet présenté, en associant les organisations patronales et les investisseurs. Une démarche qui vise l’élaboration d’un Code transparent et une stabilité juridique, au moins durant 10 ans.
Urgence d’une réforme bancaire
L’autre phénomène ayant porté préjudice à l’économie nationale, indique Boughadi, c’est le blocage incompréhensible qui a pratiquement mis des milliers de projets en stand by.
Questionné sur la souplesse des banques dans le traitement des demandes de crédits bancaires, suite à l’amélioration des niveaux de la liquidité, l’expert est catégorique : « Le problème n’est pas la liquidité, mais les procédures et les produits financières existants, les exigences des banques, des institutions financières et des fonds d’investissement qui font défaut». Pour lui, la réforme de la Loi sur le Crédit et la Monnaie est plus qu’urgente. «Elle doit se faire très rapidement et d’une façon très sérieuse et surtout adaptée aux exigences actuelles, à l’activité et aux changements s’opérant à travers le monde, notamment, en matière des finances. Actuellement, l’ensemble des banques étatiques disposent de certains produits financiers classiques», plaide-t-il.
En somme, le problème du financement bancaire en Algérie, c’est l’ensemble du système financier. Des réformes doivent être réalisées dans les meilleurs délais, en touchant même à la finance islamique. Certes c’est un financement sans intérêt, mais les frais de commissions sont très élevés et hors de portée des investisseurs.
A. R.